Plat le moins aimé au monde : pourquoi il dégoûte tant de personnes ?

Jeune femme en cuisine face à un durian avec expression de dégoût

Plus de 15 % de la population mondiale exprime un rejet marqué face à certains plats, selon plusieurs enquêtes sur les habitudes alimentaires. Les réactions vont de la simple aversion à la nausée, sans rapport direct avec la dangerosité ou la rareté de l’aliment en question.

Des études en psychologie révèlent que ce rejet n’est pas universel et varie fortement selon l’environnement, l’éducation et l’expérience personnelle. Ce phénomène, souvent associé à des troubles alimentaires ou à des normes sociales, soulève des questions sur la construction du goût et du dégoût.

Pourquoi certains aliments provoquent-ils du dégoût ?

Impossible de réduire le dégoût alimentaire à un simple caprice. Ce réflexe s’enracine dans une rencontre complexe entre la biologie et la culture. Parfois, le corps réagit brutalement à une texture gluante, une odeur trop marquée, une amertume mordante ou un aspect luisant. Ces signaux d’alerte remontent à l’évolution : ils protègent, d’une certaine façon, contre les aliments susceptibles d’être nocifs.

Mais la suite de l’histoire s’écrit ailleurs. La culture, omniprésente, modèle ce réflexe premier. Les habitudes alimentaires, transmises comme un héritage invisible, façonnent la tolérance ou l’aversion : un mets festif en Asie peut dérouter en Europe, un fromage adulé dans une région peut faire fuir ailleurs. L’enfance, elle, imprime ses marques : goûter mille fois un aliment peut finir par désamorcer la méfiance. À l’inverse, l’absence de confrontation entretient la réserve, voire l’hostilité.

Il faut aussi compter avec le poids des mots. Un plat traité de « dégoûtant » par un membre de la famille risque de garder cette réputation pour longtemps. Les filtres changent selon les époques, les continents, les histoires individuelles. Même la génétique s’invite à table : certaines personnes perçoivent amertume ou acidité plus que d’autres, ce qui rend la dégustation impossible pour elles alors qu’elle passe inaperçue côté voisin.

Voici les éléments qui influencent directement ce rejet alimentaire :

  • Culture : chaque société trace ses propres limites entre le mangeable et ce qu’on rejette.
  • Expérience : le vécu personnel marque durablement la tolérance ou l’aversion.
  • Génétique : la sensibilité gustative diffère d’un individu à l’autre.

Entre instinct de préservation, transmission familiale et pression sociale, le dégoût alimentaire montre que manger ne se résume jamais à combler la faim.

Comprendre les troubles alimentaires : entre phobies et aversions

Le dégoût ne se limite pas à une simple moue devant l’assiette. Parfois, il bascule dans le trouble alimentaire : peur irraisonnée de la nouveauté, réaction viscérale à la vue d’un aliment, blocage complet à cause d’une odeur. Le corps se ferme, l’anxiété monte, goûter devient inenvisageable. Ce phénomène apparaît souvent chez les enfants ou les adolescents, mais il peut s’installer durablement à l’âge adulte.

La frontière reste floue entre une répugnance passagère et une véritable phobie alimentaire. Certains enfants refusent tout ce qui leur est inconnu, d’autres développent une relation difficile avec la nourriture suite à un événement marquant. Chez les adultes, ce rapport conflictuel s’enracine parfois dans des habitudes figées, des croyances négatives ou une hypersensibilité sensorielle. Quand le refus persiste malgré l’habitude, la vie sociale tourne à la contrainte, le plaisir de manger s’efface.

Pour sortir de l’impasse, les soignants proposent la thérapie cognitive comportementale. Cette approche s’attaque aux liens entre pensées, émotions et comportements, avec un travail sur l’exposition progressive et la remise en question des idées reçues sur l’aliment redouté. Les progrès récents montrent qu’un accompagnement sur mesure, adapté à l’histoire de chacun, ouvre la voie à une réconciliation avec la diversité des goûts.

Les troubles alimentaires liés au dégoût se déclinent principalement ainsi :

  • Phobies alimentaires : réactions anxieuses, souvent enracinées dans l’enfance
  • Aversions : blocages sensoriels issus de l’expérience ou des normes culturelles
  • Soutien spécialisé : accompagnement personnalisé, thérapie cognitive comportementale

Quand la culture s’en mêle : ces plats qui divisent la planète

Certains mets, véritables emblèmes locaux, provoquent le rejet à grande échelle. Le surströmming, hareng fermenté suédois, s’attire régulièrement la première place dans les classements des plats les moins appréciés selon TasteAtlas. Son odeur agressive, sa fermentation extrême, font de lui un sujet de débats sans fin sur les limites de l’acceptable. Même schéma pour le hákarl islandais, requin fermenté, ou le casu marzu, fromage sarde peuplé de larves, qui demeurent des marqueurs d’identité face à l’uniformisation des goûts.

La France n’est pas en reste. Les tripes à la mode de Caen, la tête de veau ou l’andouillette suscitent des réactions tranchées jusque dans l’Hexagone. Ces spécialités, parfois adulées, parfois repoussées, démontrent le poids de l’héritage et des discours sociaux sur la perception des saveurs. Le rejet ou l’enthousiasme s’appuient d’abord sur les habitudes du quotidien, viennent ensuite l’expérience personnelle et, parfois, la génétique.

Le paysage gastronomique mondial regorge d’exemples similaires : araignées frites au Cambodge, cochon d’Inde rôti au Pérou, balut,œuf partiellement développé,aux Philippines. Ces aliments, parfois exposés dans des musées comme le Disgusting Food Museum, suscitent fascination, interrogations et débats. La mondialisation expose ces différences, les confronte, sans pour autant les effacer.

Voici trois points pour comprendre ce phénomène culinaire global :

  • Le dégoût alimentaire s’alimente de la culture, des expériences vécues et des croyances collectives.
  • Des mets rejetés par beaucoup restent des symboles forts pour certains groupes.
  • La diversité culinaire révèle autant qu’elle questionne les limites de l’acceptable à table.

Homme servant du hareng fermenté dans une cafetéria animée

Mieux vivre avec ses dégoûts alimentaires au quotidien

Le dégoût alimentaire fait partie du quotidien de chacun. Cette réaction, mêlant réflexes innés et constructions culturelles, rythme nos envies et nos réticences à table. Parfois, la curiosité dénoue les préventions, invite à l’exploration, sans pression. Mais il suffit d’un détail,une odeur, une texture, un souvenir d’enfance,pour raviver une aversion longtemps enfouie.

À l’ère des réseaux sociaux, ces réactions individuelles deviennent publiques. Un plat atypique filmé en gros plan déclenche des discussions passionnées. Les critiques culinaires décortiquent l’aspect culturel, la symbolique, les techniques. Certains relèvent le défi, d’autres défendent leur droit à l’aversion. Ce va-et-vient façonne une nouvelle façon de partager la table.

Les principaux déclencheurs et les moyens d’y faire face se résument dans ce tableau :

Facteurs de rejet Capacités d’adaptation
Texture inhabituelle
Odeur forte
Souvenir négatif
Curiosité
Exposition progressive
Partage en groupe

Prendre soin de soi, c’est aussi écouter ses propres réactions, sans se juger. La table devient alors un terrain de jeu, pas une épreuve. Prendre le risque de l’inconnu ne signifie pas gommer ses dégoûts, juste apprendre à les regarder autrement, parfois avec un sourire, souvent avec bienveillance. Et si, au détour d’un repas, une surprise vous attendait ?

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